A Tahiti, le surf est pratiquement une religion. Et quand on est engagé dans la foi, c’est très difficile de concilier les deux, surtout lorsque de nombreuses compétitions de haut niveau sont organisées le dimanche.
Mais pour Tuhiti Wong Pao-Sing, le choix est déjà fait. Membre fidèle de l’Église de Jésus Christ des saints des derniers jours, sa religion passe en premier. Il a fait le choix de faire du sabbat un délice et il ne participe donc à aucune compétition le dimanche.
- Tuhiti-tube-two.png
- Bishop-Tuhiti-speaks-to-the-congregation-of-his-ward-in-Papeari.-French-Polynesia,-July-2021.
- Bishop-Tuhiti-Wong-Pao-Sing-(center-rear)-teaches-a-Missionary-preparation-class-to-the-young-people-of-his-ward.-All-of-them-have-applied-to-go-on-missions.-French-Polynesia,-July-2021
- Bishop-Tuhiti-Wong-Pao-Sing-with-family,-wife-Vaihotu-and-children,-Hitihei-(11),-Unua-(7)-and-Hereatua-(1).--French-Polynesia,-July-2021
- Bishop-Wong-Pao-Sing-(center-seated)-with-his-wife-Vaihotu-and-counselors-in-the-bishopric-with-their-wives.--French-Polynesia,-January-2021.
- Bishop-Tuhiti-Wong-Pao-Sing-says-a-prayer-before-he-surfs.--French-Polynesia,-July-2021
- Tuhiti-knee-drop-surfing-in-the-tube.--French-Polynesia,-July-2021
1 / 2 |
Il a gagné le respect et la reconnaissance de ses pairs notamment sur le spot de Taapuna. Son choix de respecter le jour de sabbat, l’a mis à part des autres riders et athlètes tahitiens de haut niveau.
C’est ce qui lui a valu un reportage exclusif dans le magazine Waaves, l’émission TV culte dédiée à la culture et au style de vie du surf ainsi que les personnages incontournables de Polynésie française dans ce milieu.
Chaque année, Tuhiti participe à la Taapuna Master, une compétition phare du surf local, mais il a choisi de renoncer aux phases finales du dimanche par conviction religieuse. Tuhiti s’est qualifié pour les phases finales chaque année depuis qu’il est passé pro.
Il profite au maximum de chaque série qualificative. Il savoure chaque seconde et ne boude pas son plaisir lors des repêchages, histoire de faire durer le plaisir, parce qu’il sait qu’il ne sera pas présent pour défendre sa qualification le dimanche. Quand on appelle son nom pour la finale, tout le monde sait que Tuhiti ne sera pas là.
Ses collègues compétiteurs connaissent ses croyances religieuses et semblent les respecter. « Mes amis du circuit me demandent souvent de prier pour eux », dit-il.
Il poursuit : « Le Bodyboard est ma plus grande passion depuis que je l'ai découverte. C'est mon remède, ma décompression. J'ai toujours voulu par la suite y exceller. Pour atteindre un meilleur niveau, je me suis entraîné sans relâche, en surfant toute la journée chaque fois que c’était possible. Par le passé, j'ai gagné 2 ou 3 fois dans ma catégorie Drop knee à la Taapuna Master ainsi que d'autres tournois. »
« J’aime tellement ce sport. Lorsque j’ai commencé, les compétitions me donnaient des frissons et je voulais montrer à tout le monde que j’avais un bon niveau. Rapidement, j’ai reçu des propositions de sponsors au plan local et à l’étranger alors même qu’à ce moment-là j'étais papa. Mais il fallait que je fasse un choix. »
« Je me disputais souvent avec ma femme à propos du jour de sabbat. Elle avait raison. Ma passion prenait trop le dessus. Mais, je ne voulais pas perdre mes sponsors pour pouvoir continuer à disposer du matériel de surf professionnel qui coute tellement cher. »
Wong Pao-Sing a assuré que sa femme et ses enfants ont été sa motivation pour être un exemple de foi.
« Ils déterminent ce que je veux devenir. Et bien sûr ma foi personnelle et l'éducation que j'ai reçue de mes parents et dirigeants ainsi que l'exemple des sportifs de haut niveau qui sont membres qui ne jouent pas le dimanche, comme Erroll et Naea Bennett, m’ont aidé à prendre cette décision. »
Il a expliqué que sa passion était toujours là, mais quelque chose manquait : ma famille heureuse.
« J'ai donc décidé de donner la priorité à mes responsabilités de père et de mari. »
« J'ai arrêté la compétition le dimanche en 2006 après avoir remporté le titre. Cette année-là, la compétition de la Taapuna Master était dédié à mon oncle Nelva Lee, le petit frère de ma maman, décédé noyé en surfant sur ce spot. Il était mon mentor, l'homme qui m'a encouragé à être le meilleur dans le sport et a veillé à ce que je sois. »
Tuhiti a toujours pensé qu’il devait faire les compétitions le dimanche pour pouvoir garder ses mes sponsors.
« Lorsque j'ai arrêté pour me dévouer entièrement au Seigneur le dimanche, j'ai contacté des sponsors à qui j’ai expliqué pourquoi je ne surfe plus le dimanche pour les finales des compétitions parce que c’est ma vie spirituelle et familiale qui prime. »
« Ils m'ont soutenu dans mes choix malgré tout et m'ont demandé, en contrepartie, de faire des shooting et vidéos de surf tout en respectant le dimanche. Donc j'ai tout gagné !
En fin 2020, Tuhiti s'est cassé la jambe en surfant. Pendant sa convalescence, il a été absent du circuit de surf pendant sept mois.
À cette époque-là, Emile Tunutu, un dirigeant de l'Église dans son secteur géographique, cherchait un nouvel évêque pour la paroisse (congrégation) de Papeari. Il lui a dit lors de leur entretien : « J'ai clairement reçu la réponse que c’est toi le nouvel évêque. Ta convalescence va t’aider à t’installer dans tes nouvelles responsabilités. Je sais que ton exemple en tant que jeune homme dévoué qui s'efforce de donner la priorité au Seigneur incitera les jeunes à suivre et marcher sur le chemin des alliances. »
Bien que Tuhiti soit doué, il sait qu'il ne remportera plus jamais une compétition majeure, parce qu’il a choisi de respecter le jour du sabbat.
« Je sais que mon Père Céleste est heureux de mon choix. Par-dessus-tout, rien ne peut se comparer au bonheur de ma famille et à l’équilibre que nous avons atteint ensemble. »
« Je ne juge pas ceux qui choisissent de ne pas respecter le sabbat ou un autre principe. Tout le monde a besoin d’être encouragé avec amour et compassion. »
Tuhuti garde en mémoire les paroles de Russell M. Nelson, Président de l'Église :
« Comment faisons-nous pour sanctifier le jour du sabbat ? Lorsque j’étais bien plus jeune, j’ai étudié des listes que d’autres personnes avaient faites concernant ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire le jour du sabbat. Ce n’est que plus tard que j’ai appris dans les Écritures que mon comportement en ce jour-là était un signe entre moi et mon Père céleste. Grâce à cette compréhension, je n’ai plus eu besoin de listes de choses à faire et à ne pas faire. Lorsque je devais décider si une activité convenait au sabbat, je me demandais simplement : « Quel signe est-ce que je veux donner à Dieu ? »
« Cette question a rendu limpides mes choix concernant le jour du sabbat. »